Le hasard existe-t-il ?

 

On dit que le hasard n’existe pas ...

Du moins c’est ce que je pense.

Y a-t-il un hasard dans le fait que voici quelques années, j’ai voulu appeler une héroïne Hazar ? Un jour dans une librairie fameuse de Paris deux énormes dictionnaires de persan attirent mon attention. En les feuilletant à la recherche d’un nom évocateur, mon attention s’arrêta sur celui-ci : Hazar. Ce mot voulait dire le feu. Ensuite, j’ai appris qu’en arabe, haz-har, signifiait distribuer ce qui vient sous la main. Le hasard, n’est-ce pas ce qui vient à un moment donné, selon l’aléa ... l’aléa d’une rencontre, le hasard d’une rencontre.

Et si cette rencontre est merveilleuse, on va dire que c’est un miracle : « Dieu soit loué, j’ai été protégé par les Dieux, j’ai été guidé par les Dieux ! » Si c’est une mauvaise rencontre, on va dire : « J’ai été puni, le Ciel m’est tombé sur la tête, je n’ai rien vu venir ». « Pourquoi suis-je tombée amoureuse ? » « Pourquoi ai-je rencontré cette femme ?»

Alors que le hasard, c’est tout simplement la résultante délibérée d’un choix plus ou moins judicieux, plus ou moins bienfaisant qui reçoit son accomplissement.

Dieu voyage incognito.

Cette expression si belle semble dire que la chance peut nous arriver si Dieu est avec nous ou ne pas survenir si nous nous sommes détournés de lui. En réalité, Dieu voyage toujours incognito parce que chacun ignore son incognito. Où est Dieu ? Et même si on n’y croit pas, Dieu, c’est vous, c’est nous. On est une parcelle de Dieu et mon Dieu qui me parle et votre Dieu qui vous parle, vous allez l’étouffer, je vais l’étouffer tant qu’il est inconnu de vous-même et de moi-même. Et comme il est inconnu de nous-même, on va confondre l’impression de notre raison avec l’impression de la perception de ce que l’on aperçoit et comment pourrait-on l’apercevoir sinon par notre évolution ? C’est là la clé.

Un jour, je me rendais chez une amie en voiture. Elle habitait à quarante, cinquante kilomètres de là et avant de partir, je me dis que j’avais oublié de lui cueillir les fleurs qu’elle aimait tant, quelques lys et quelques pensées. Et je pris le temps de me courber, de me pencher, de cueillir ces belles fleurs. Et sur la route, je m’aperçus que quelques instants avant, il y avait eu un très grave carambolage où beaucoup de personnes avaient trouvé la mort car il était impossible à cet instant-là de freiner tant la visibilité était mauvaise et le nombre de voitures important. Si je n’avais pas pris le temps de cueillir ces pensées, de me recueillir dans la pensée de mon amie, j’aurais été dans ce carambolage et ne l’aurais peut-être jamais revue. Combien de fois n’ai-je pas agi ainsi sans réfléchir ?


C’est cela le hasard, le fruit d’une harmonie avec le milieu ambiant.


On devient UN avec ce milieu et nous évitons le danger, nous évitons l’agression, nous évitons l’accident sauf, bien sûr, si pour un raison x ou y, on a décidé dans sa vie qu’un jour on aurait un accident pour comprendre ce que c’est que la souffrance ou le malheur.

Mais, de façon générale, ainsi, on passe à travers les écueils de la vie et on voit des familles entières qui, ainsi, ne souffrent guère alors que d’autres sont sans cesse confrontées à des calamités et on dit : « Les pauvres, ils n’ont vraiment pas de chance ! » Ils n’ont vraiment pas eu de chance parce qu’ils se sont mis dans une disposition telle que l’événement a été très grave. Peut-être ont-ils perdu cette connaissance, cette sagesse et qu’ils ont paniqué au moment où il ne fallait pas.

Parce que le hasard, c’est suivre sa propre courbure, avec des événements que nous aurons à affronter certes, mais qui vont toujours nous enseigner une expérience de vie, une connaissance de vie, une pratique de vie. A ce moment-là, on saura, du moins on devrait être en mesure de résoudre les épreuves, et on saura apprécier comment les appréhender. On ne pourra pas empêcher l'événement mais nous pourrons trouver le moyen d’y faire face et de l’accompagner.

Peut-on dire : « Je t’arrête ô vent, je t’arrête ô pluie, je t’arrête ô orage ! »  En Indonésie, certains sages se risquent à le dire…


Et la raison, quoique l'on puisse en dire, est toujours notre principale ennemie.

Car chacun est toujours plus facilement attiré par le chemin du labyrinthe du temps dans lequel on se perd.
La raison donne toujours une résultante d’erreurs parce que nous n'emmagasinons que le bon côté des faux pas et nous n’entrevoyons pas la perdition qu’engendrent nos choix. Alors, par hasard, nous nous retrouvons devant un chemin qui ne mène nulle part, sauf à l’impasse et à la fermeture.
Parce que la raison empêche l’évolution, la raison empêche toute réflexion sur son devenir. Elle nous rend sourd et aveugle. Sourd aux événements, car la raison a toujours besoin de repères qui lui permettent de se conforter dans sa bonne position : j’ai fait trois pas, je peux donc renouveler trois pas. J’ai évité un piège, le premier piège, puis le deuxième. Puis je fais un troisième pas où je tombe et je trépasse. Parce que si je suis perdu dans mes pensées, dans mon raisonnement, je ne vois rien, je n’entends rien. Imaginons marcher le long d’une falaise et, à un moment donné, par étourderie, on met le pied dans le vide, on tombe. Par contre, si on est dans un mouvement involontaire de courbure du temps, on passe par le même chemin et on pose son pied par inadvertance et par chance au-delà de ce trou. On ne se sera même pas rendu compte l'avoir passé parce qu'on s'est placé dans un mouvement différent. On suivait la nature au lieu de suivre son raisonnement et dans le premier état, on a la fortune de se rencontrer soi-même, plus vite que prévu.


Le hasard s’appuie toujours sur quatre piliers sinon il n’y a pas de hasard.

Ces quatre piliers sont :

  • Le premier est l’espace, autrement dit le temps dans lequel on évolue, où se déroule ou peut se dérouler l’événement
  • Le deuxième est le lieu, avoir le bonheur ou le malheur d’y être
  • Le troisième est le contexte.
  • La seule variable qui va déterminer qu’il y ait hasard ou non, c’est le quatrième pilier qui permettra de former un cube. C’est ce qu’on appelle le moment.

 Vous voulez faire plaisir à votre femme et vous allez lui chercher un très joli vêtement. Au retour la demeure s’est effondrée parce que la terre a tremblé très fort.

Il ne reste plus rien. « Oh, j’ai eu de la chance ! Et ma femme était à son travail, elle a eu de la chance ! »

C’est bien pour vous mais ce n’est pas de la chance. Vous vous êtes uni avec vous-même et vous avez demandé à respirer pour aller chercher un joli vêtement à offrir à votre chérie.

Un jour, à la croisée des chemins une roulotte d'étrangers est arrêtée pour avoir perdu le sien.

Vous n'écoutez que votre cœur et vous les renseignez. Vous leur offrez même l'hospitalité avec générosité.

Et ces étrangers venus de nulle part vous donnent une solution au problème insoluble que vous viviez alors, vous indiquant une route salvatrice et ouverte.


Alors, ce feu, distribuer la vie, c’est s’exercer sans peur, sans reproche, sans détour, sans effondrement, en essayant d’être soi pour se réaliser et être capable d’agir dans une réalisation instinctive et non pas manichéenne. Ainsi, on retrouve son fil d’Ariane.

 

 

 

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