Article paru dans Votre Santé n° 114, avril 2009

L’enfant au frigo

Rêve : J’ai mis un enfant dans le frigo pour jouer. Je vais le chercher et lui demande d’oublier le jeu car sinon il risque de ne plus pouvoir ouvrir et de mourir.  « Il va pas pouvoir oublier, il est pas con cet enfant » commente Anita, la songeuse.

La vie est un passage trop bref pour ne pas tenter de se connaître au mieux. Telle serait la devise d’Anita joueuse et gagneuse devant l’éternel.

Elle accumule les trophées : voyages prestigieux, chèque à quatre zéros, Twingo…. Curieuse de tout elle (se) questionne, collectionne  les stages qui ne satisfont que très partiellement sa quête. « Je ne veux pas louper ma vie ». Son tout premier rêve évoque le froid, le jeu, laisse filtrer un rapport ambivalent à la vie et à la mort, à la froideur de la vie voire la frigidité. Il balance entre mise à mort (l’actualité de bébés au congélateur), procréation assistée (les embryons congelés) et survie après la mort (cryogénisation). Il est pas con évoque le « con » comme lieu de la naissance et souci de l’ouverture « polichinelle dans le tiroir » ou « cadavre dans le placard ». Sortir du « ventre froid » (oxymore) de la mère. Elle n’était pas une enfant désirée, avait peur d’être abandonnée. Sa mère est enceinte d’elle quand son père fait son 1er infarctus. Les deux sont décédés. « Je n’ai pas eu de relation avec ma mère. Je n’ai pas pleuré leur disparition ». Anita est devenue médecin pour contrer la maladie. Elle a trois enfants. Le problème de mort a été « mis au frigo ». Au frais ou au froid ? En attente (fraîcheur de l’enfance) ou en souffrance ? Elle a précisément un syndrome de Reynaud (froid dans les extrémités) et des soucis avec ses règles, des kystes mammaires et ovariens. La donne change au cours du jeu – elle a « ses règles ». Les siennes sont hémorragiques, handicapantes. Anita s’interroge sur le viol. L’a t-elle subi ? Elle veut rafraîchir sa mémoire défaillante. Reste–t-elle enfantine ? Son mari le lui reproche mais l’aime ainsi. L’enjeu véritable entre eux est d’attiser la flamme amoureuse qui s’est refroidie. Jouer c’est vivre mais peut être mourir. Vivre c’est oublier le jeu, voire le je. Cache-cache ou ballon prisonnier dans le couple ? Entre « délivrer » (prison) et « délivrance » (accouchement) Anita cherche à se libérer. One, two, three, go. Ou plutôt : free go. Le rêve comme accouchement de soi, l’analyse comme maïeutique.
Les règles du JE sont un dispositif /des dispositions pour se réchauffer tout en gardant sa joie de vivre.
Autrement dit : Si tu veux continuer à jouer / jouir, passe par le free go, être libres et égaux à deux et en toi-même ! conseille son inconscient.

 

Soana Kristen, psychanalyste onirocriticienne

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