Article paru dans Vous et votre Santé n°4, septembre 2012
Quand je suis malade, un rêve peut-il contenir une ordonnance de guérison ?
Oui, les rêves sont des marques de fabrique au travers desquelles on peut repérer les tendances, les mal-êtres et les maladresses, les maux et l’évolution des maux du sujet. La difficulté réside dans la lecture du rêve : faut-il le prendre au premier degré ou l'interpréter à plus haut sens ?
On peut y trouver une prescription thérapeutique ou une invitation à des attitudes différentes. Les cystites par exemple sont souvent le fruit de contrariétés. Il ne suffit donc pas de soigner la cystite mais aussi l’humeur chagrine ou d’énervement...
Ou bien les rêves sont prémonitoires ou bien ils ne le sont pas. S'ils le sont, ils servent d’abord à prévenir - et “mieux vaut prévenir que guérir”. C’est une fonction majeure du rêve.
Dans l’antiquité, les rêves prémonitoires étaient très appréciés et très redoutés. Pourquoi vouloir se dresser contre les dieux alors que les dieux ont imposé le déroulement ? “Inch Allah", “Alea jacta est”. “J’ai rêvé que j’allais me casser le pied aujourd’hui et que j’allais rester handicapée alors je ne vais pas me lever ”. Mais pourquoi me casserai-je le pied et resterai-je handicapée ? Parce que je vais être étourdie et que je n’écoute pas mon intuition... Même le rêve physique de se casser le pied peut aussi signifier tout autre chose en onirocritique. Est-on soi-même casse-pied ? Veut-on éviter le casse-pied avec lequel on a rendez-vous ? Pas de faux pas dans les relations humaines ! L'onirocritique est pratique y compris dans ses interprétations symboliques. Le sens figuré est très réel, très concret. Cela peut rendre malade de fréquenter un casse-pied !
Il m’est arrivé en séance de “prédire” la venue possible d’un AVC à travers un rêve et donc de prévenir l’accident par des solutions.... que le médecin préconise.
La personne susceptible de faire un AVC doit impérativement réformer son régime alimentaire, ses habitudes... Le consultant me croit, m’écoute et met en pratique : il ne va pas faire d’AVC. Mais comment prouver qu’en cas contraire il en aurait été victime... à condition qu’il s’en aperçoive lui-même et que l'accident vasculaire cérébral soit identifié comme tel et non un simple malaise. Le rêve peut évidemment prédire et prévenir mais le démontrer reste une opération très délicate.
Autre écueil : un rêve qui donne directement une solution thérapeutique, cela existe mais c’est rare et c’est valable pour la personne qui a fait le rêve. Il n’est pas dit que la même solution soit applicable à quelqu’un d’autre. C’est aussi le cas pour une posologie, un médicament... tout doit être singularisé.
À coup sûr le rêve sert à poser un diagnostic et même un pronostic. J’en ai de nombreux exemples.
Soana Kristen, psychanalyste onirocriticienne