C comme Cœur, Conte

 

Le songe d’une petite danseuse à la cour du roi Agung

Sous la caresse de la brise et le parfum des embruns, et par je ne sais quelle sorte de prodige, je me retrouve à la cour du roi Agung. Son palais, non loin de la mer, s’enracine dans la forêt, cerné par des douves longues de plusieurs kilomètres. Le roi a conçu son plan homogène dans ses proportions et la pureté de ces lignes. L’édifice se dénude en suivant une large chaussée jalonnée de lauriers roses à la délicate senteur chocolatée et de daturas dont les arômes s’exaltent à l’aube et au crépuscule. Elle est bordée de sculptures géantes de divinités, au nombre de quarante-huit, comme les chaînes désoxyribonucléiques qui nous composent, disposées de chaque côté par paires. Côté est, se dresse la porte de la lune, monumentale et majestueuse. Les plus grands artistes du royaume y ont gravé la première ligne des lois de la cité :
Chacun a besoin d’un plus petit que soi. Nul ne peut l’ignorer sans s’ignorer lui-même.

Le rêve au palais du roi

Qu’est-ce qui anime l’homme ? Quel est son rêve ? Qu’est-ce que le rêve ? 
Face à cette dernière question, chacun préfère se taire plutôt que proférer une insanité. Soudain, une petite fille s’avance. Le roi, attendri par sa jeunesse et sa grâce, la prie de bien vouloir lui expliquer sa présence ici : « Sire, dans votre grande bonté, vous m’avez adoptée alors que j’étais une enfant abandonnée, non par des parents ingrats, mais après les avoir perdus au cours d’un raz de marée dramatique. Mon cœur a été embaumé d’être reçue et choyée d’abord par une princesse puis au cœur même de votre palais. Je suis devenue danseuse puisque je montrais quelques dispositions à cet égard. Aujourd’hui, je viens vous présenter, avec mes jeunes compagnes, le ballet que nous avons chorégraphié en votre honneur. Mais, la danse n’est pas l’objet de mon exclamation. Votre interrogation m’émeut, car depuis mon jeune âge des énigmes me hantent, toujours les mêmes. « Qui suis-je ? Pourquoi suis-je moi et non pas toi ? Pourquoi suis-je ici et non pas là ? Où commence le temps et où finit l’espace ? » Sire, vous savez que l’enfance a le cœur au bord des lèvres. On peut être à la fois très ignare, puisque j’ai été durablement illettrée et avoir un certain bagage. J’essaie simplement de rester curieuse. Par le cœur, j’entends une petite voix qui, parfois, me répond. Toutefois, j’en suis dépendante et si d’aventure elle se tait, je me tairai aussi. Comme tous les enfants, les questions jaillissent dans ma tête non embarrassée de hiérarchie. Les réponses viennent aussi naturellement. L’enfant sait que le paradis n’est pas un leurre malgré la dureté existentielle. Je crois en moi et crois en ma foi. Fleur d’amour et d’espérance, Roxane, pour vous servir. Quant au rêve, j’ai besoin de quelques sphères si vous m’accordez la permission d’écrire dessus. […] »

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