Fragment du prologue
L’aurore dissolvait l’encens bleu de la nuit. Le songe chatoyait encore de rosée. Volutes incandescentes bientôt évanouies, j’évoque mon rêve de l’aube. Lambeaux épars ravaudés avec enthousiasme lorsque resurgit celui des années d’enfance. Ses apparitions fugaces rythment mon ciel. Traces devenues familières à force d’irruption. Petite et échouée devant une immensité.
Une mer de sable semble vivre de sa vie propre, mouvante dans sa substance, bougeante dans ses nuances. En moi, l’allégresse le dispute à l’étonnement. Où mes pas m’emmènent-ils, sur ce sol ductile ? Imaginez un satellite que vous foulez. Son sol animé, tantôt lisse ou ridé. Velouté et soyeux comme le plus doux des tissus, il me procure alors un indicible bonheur.
Vite défiguré lorsqu’il se trouble de rides. Pire, des ornières se creusent, des crevasses apparaissent. Ce n’est plus qu’un immense chaos gris et désert. La sérénité paradisiaque s’est dissoute. Objet d’inexplicable métamorphose, les sables d’or reviennent, déroulent leur fluide, leur délicate texture. La douceur de vivre nimbe alors ma démarche.
Rêve d’année en année, aussi intense, l’existence dans sa dureté et grandeur. Photographie prémonitoire. Instantané en triple dimension d’atomes de poussière. Impression d’ADN ou promesse destinale ? L’aurore dissolvait l’encens bleu de la nuit. Le songe chatoyait encore de rosée.